Au pays du maroilles, un éleveur parie sur le lait de chamelle
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Au pays du maroilles, un éleveur parie sur le lait de chamelle.
Feignies (AFP) - "Il faut aimer l'inconnu" : dans le Nord, Julien Job produit et vend du lait et du fromage de chamelle. Une démarche unique en France mais pas si incongrue, étant donné la croissance de la demande et les vertus écologiques du chameau.
Des vaches paissent dans le vert bocage de Feignies, non loin de la zone de production du maroilles, l'emblématique fromage des Hauts-de-France.
Mais dans le pré voisin, des dromadaires, chameaux et chameaux de Bactriane déploient leurs grandes silhouettes dégingandées.
Ce troupeau de 80 têtes est de loin le plus important de France et l'un des plus grands d'Europe.
Éleveur atypique de 43 ans, Julien Job travaillait comme transporteur d'animaux pour des zoos et des cirques avant de lancer sa "Camelerie" en 2015.
Si la France compte d'autres élevages de camélidés, exploités surtout pour l'agrotourisme, celui-ci est le premier à avoir obtenu l'agrément sanitaire européen permettant de commercialiser lait et produits laitiers.
Une prouesse : car il y a 15 ans encore, le lait de chamelle, qui ne caille pas naturellement, était considéré comme inadapté à la production de fromage.
Sur son site internet, la Camelerie propose du lait de chamelle pasteurisé, du kéfir (lait fermenté) et même, plus ponctuellement, de la Bosse des Fagnes et du Camelhoumi : deux fromages développés avec le soutien de chercheurs qui ont valu à Julien Job une médaille aux "World Cheese Awards" au Kazakhstan en 2024.
Bien plus riche en vitamine C que le lait de vache, plus facile à digérer pour les personnes intolérantes au lactose, riche en acides gras non-saturés, le lait de chamelle est souvent considéré comme un super-aliment.
Des études explorent aussi ses possibles effets sur les cellules cancéreuses, la régulation de la glycémie chez les diabétiques et l'autisme.
Traditionnellement, le lait de chamelle était produit par des nomades dans des régions arides ou semi-désertiques et réservé à leur auto-consommation.
Mais ces dernières décennies, des élevages intensifs sont apparus dans des pays du Golfe et la demande mondiale a explosé. Avec le changement climatique, de nouveaux pays misent aussi sur l'élevage de chameaux, de l'Afrique subsaharienne aux Etats-Unis.
Capable de valoriser une végétation pauvre, le chameau consomme beaucoup moins qu'une vache du même poids, et comme il n'a pas de sabots, il endommage moins les sols. Il peut aussi être utilisé en écopaturage pour éliminer ronces, chardons et orties.
Seul hic éventuel, l'humidité, un problème que Julien Job résout en leur administrant des vermifuges un peu plus souvent qu'il ne le ferait pour des bovins.
Malgré une croissance annuelle de la demande de plus de 8% en Europe, à 17 euros le litre, le lait de ses chamelles reste un produit de luxe, pas près de supplanter le lait de vache.
Le fromage, dont la fabrication exige de grandes quantités de lait, devrait rester plus marginal encore.
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Des chameaux dans un champ de "La Camelerie", une ferme de chameaux à Feignies, le 16 juin 2025 dans le Nord - Pierre BEAUVILLAIN, Pierre BEAUVILLAIN (AFP)