Pessimistes, les Français dépensent au compte-gouttes
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Pessimistes, les Français dépensent au compte-gouttes.
Paris (AFP) - "Les Français broient du noir" : les ménages consomment moins qu'ailleurs en Europe, rendus frileux par l'incertitude politique qui bride ce moteur essentiel de l'économie, déjà ébranlé par la pandémie et le choc inflationniste.
Alimentation, électroménager, voitures, téléphonie mobile, etc. Face aux gouvernements qui se succèdent depuis mi-2024, les ménages réfrènent leurs dépenses. Or, celles-ci pèsent environ la moitié de la richesse produite annuellement en France.
"La consommation déçoit depuis plusieurs trimestres", progressant moins vite que le pouvoir d'achat, constate Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l'Institut national de la statistique (Insee), interrogé par l'AFP.
Les biens sont davantage affectés que les services, note-t-il, citant l'alimentation où la baisse cumulée est "de l'ordre de 8% depuis 2022", quand les prix se sont envolés après l'invasion russe de l'Ukraine. "C'est du jamais-vu depuis qu'on fait des statistiques à l'Insee".
Les Français consomment moins de fruits, légumes et viande frais, jugés plus chers, et davantage d'oeufs, pâtes ou plats préparés. Les achats textiles souffrent aussi, ou l'automobile du fait d'un attentisme technologique.
Si ce phénomène est observé depuis la crise sanitaire - magasins et restaurants étaient fermés - puis la crise inflationniste, la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 a causé une nouvelle commotion.
"Les Français broient du noir. Relativement à leurs voisins, ils sont beaucoup plus pessimistes", souligne Dorian Roucher.
Une perception pourtant déconnectée de la réalité (salaires en hausse, résistance du marché du travail, etc.) : "c'est psychologique", relève Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade.
Dans sa note de conjoncture de septembre, l'Insee constatait que "la confiance des ménages qui se redressait tendanciellement jusqu'à l’été 2024 recule presque continûment depuis".
"Leurs gains de pouvoir d'achat ont été plus importants qu'ailleurs en Europe", du fait d'une inflation plus faible, attendue à 1% en moyenne annuelle en 2025, "mais leurs achats y sont moins dynamiques et le taux d'épargne bat chaque trimestre un nouveau record à la hausse."
Alors que des débats budgétaires houleux agitent l'Assemblée, l'horizon reste brumeux. Ce climat d'incertitude a pu être accentué par des tensions commerciales et géopolitiques à l'international.
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Évolution des prix à la consommation en France, en glissement annuel (%) - Sylvie HUSSON, Samuel BARBOSA (AFP)