Israël bombarde la ville de Gaza, poussant à fuir des dizaines de milliers de civils
Israël bombarde la ville de Gaza, poussant à fuir des dizaines de milliers de civils.
Bande de Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - L'armée israélienne a accepté des pauses de quelques heures chaque jour dans le nord de la bande de Gaza, pour permettre aux civils palestiniens de quitter cette zone où les combats avec le Hamas font rage, sans perspective de cessez-le-feu.
Israël a de nouveau bombardé jeudi la ville de Gaza où les combats au sol font rage entre entre soldats israéliens et combattants du Hamas, poussant des dizaines de milliers de civils à fuir vers le sud du territoire palestinien assiégé.
Après plus d'un mois de bombardements, plusieurs centaines de milliers de civils, selon l'ONU, restent piégés dans une situation humanitaire désastreuse dans le nord de la bande de Gaza, en particulier dans la principale ville du territoire.
L'AFP a pu s'approcher mercredi de l'épicentre des combats dans le nord de Gaza lors d'une incursion organisée par l'armée israélienne, et dont les images ont été soumises à la censure militaire.
Palmiers brûlés, lampadaires tordus, panneaux de signalisation déformés témoignaient de l'intensité de l'offensive le long de la route côtière, en ruines, qui relie le nord au sud du territoire, où des drapeaux israéliens flottent sur des bâtiments détruits en bord de plage.
L'armée israélienne a annoncé qu'un nouveau "couloir" serait ouvert jeudi, après le départ la veille de 50.000 civils vers le sud.
En riposte à l'attaque sanglante menée le 7 octobre sur son sol par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, Israël a juré "d'anéantir" le mouvement islamiste et bombarde sans répit le petit territoire.
Depuis le 27 octobre, l'armée mène en parallèle des opérations terrestres, resserrant son étau sur la ville de Gaza où se trouve selon Israël le "centre" de l'infrastructure du Hamas.
L'armée israélienne a diffusé mercredi des images montrant ses troupes au sol localisant puis faisant exploser ces souterrains qui s'entrecroisent sur plusieurs centaines de kilomètres, selon des experts.
Quelque 130 entrées de tunnels ont été découvertes depuis le début de l'opération terrestre, selon l'armée.
- "Terrifiés" -
Mercredi, beaucoup plus nombreux que la veille, des milliers de Palestiniens désespérés ont fui vers le sud, à pied ou en charrette, les mains vides ou n'emportant que le strict nécessaire.
Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre.
"C'est une situation difficile", a dit à l'AFP Ehsan Abu Sleem, qui portait son bébé d'à peine deux mois. "Nous sommes épuisés, nous venons de loin et nous ne savons pas combien de temps il nous reste à marcher."
"Nous avons pris la décision de partir parce que les bombardements étaient très intenses", a dit à l'AFP Ehsan Abu Sleem, qui portait son bébé d'à peine deux mois. "Les enfants et les femmes étaient terrifiés et nous ne pouvions plus le supporter."
Dans le sud s'entassent déjà des centaines de milliers de réfugiés dans des conditions déplorables.
La surpopulation dans les abris de l'ONU, avec pour corollaire la dégradation des conditions sanitaires, "reste une préoccupation majeure", selon le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), qui souligne que "les produits alimentaires essentiels tels que le riz, les légumineuses et l'huile végétale sont presque épuisés".
- "Une goutte d'eau" -
En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon les autorités, en majorité des civils tués le jour de l'attaque du Hamas, d'une cruauté et d'une ampleur inédites depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 10.569 morts incluant 4.324 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
De multiples appels à une trêve ont été lancés pour acheminer de l'aide à la population du territoire de 362 kilomètres carrés privée d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.
Treize ONG parmi lesquelles Médecins sans frontières (MSF) et Amnesty International ont appelé à un "cessez-le-feu immédiat".
- Pas de cessez-le-feu -
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a de nouveau exclu mercredi tout cessez-le-feu sans la libération des 239 otages détenus par le Hamas depuis le 7 octobre.
Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l'AFP que des négociations menées par le Qatar étaient en cours pour la libération de douze otages, parmi lesquels six Américains, en échange d'une trêve humanitaire de trois jours.
Par ailleurs, l'évacuation vers l'Egypte des blessés palestiniens et des binationaux a été à nouveau interrompue mercredi, selon un responsable palestinien.
Les violences se multiplient aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.
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Des troupes israéliennes en opération dans le nord de Gaza, le 8 novembre 2023 (Photo prise lors d'un tour sous contrôle de l'armée israélienne) © AFP Daphné LEMELIN