Dans l'est de l'Allemagne, des villes tentent d'enrayer le déclin démographique
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Dans l'est de l'Allemagne, des villes tentent d'enrayer le déclin démographique.
Guben (AFP) - Verdure, calme et garde d'enfants gratuite : Weslawa Göller et sa fille de deux ans découvrent Guben, une petite ville de l'est de l'Allemagne qui tente d'attirer de nouveaux habitants pour contrer la dépopulation.
Attablée à la terrasse d'un café, cette éducatrice bavarde avec quelques autres personnes venues, comme elle, tester le quotidien dans la commune voisine de la Pologne pour peut-être s'y installer.
"Les vieux arbres comme moi sont difficiles à déraciner, mais je pourrais me décider à déménager ici", sourit la cinquantenaire originaire de Pologne, surveillant du coin de l'oeil sa fille.
Durant l'été, 16 curieux sont venus à Guben moyennant un loyer de 100 euros la semaine pour en découvrir la vie, les services et, pourquoi pas, se laisser convaincre de s'installer dans un des nombreux logements vacants, pour 5 à 7 euros le m2.
Ici, une agence de tourisme, les autorités locales et des sociétés immobilières collaborent pour repeupler la cité qui est passée de quelque 31.000 en 1990 à 16.000 habitants aujourd'hui.
- "Une ville où l'on reste" -
L'initiative n'est pas isolée dans une région ravagée par le crise économique et sociale qui a suivi la réunification allemande de 1991. Un déclassement qui, comme ailleurs dans le pays, a nourri la popularité du parti d'extrême-droite, AfD.
Si les grandes villes -- Leipzig, Dresde ou Berlin -- croissent, les communes plus modestes assistent au départ des jeunes, des femmes, et voient la moyenne d'âge d'augmenter, explique Tim Leibert, chercheur à l'Institut de géographie de Leibniz, selon qui ce vieillissement est "une bombe pour l'économie allemande".
L'est de l'Allemagne pourrait perdre de 8 à 16% de sa population au cours des 20 prochaines années, selon l'institut de statistique Destatis.
"Guben - une ville où l'on reste" : le slogan municipal gravé sur un mur de la gare tranche avec les allées vides et les espaces publicitaires vierges.
"Depuis mon arrivée, j'ai l'impression de ne croiser personne", souffle Weslawa Göller, venue de Mayence, municipalité de l'Ouest comptant 215.000 habitants.
"Mais il y a de la verdure et du calme", poursuit-elle, "je pourrais aussi facilement travailler comme éducatrice ici", ajoute celle qui bénéficierait aussi d'une crèche gratuite pour sa fille.
Autre motivation : le logement.
Si à Berlin, trouver un appartement à prix raisonnable relève du chemin de croix, à Guben, pas de problème. Anika Franze, 38 ans, a renoncé aux "fêtes berlinoises" pour s'installer ici l'an dernier.
Elle travaille désormais pour l'initiative, et essaye de convaincre d'autres de migrer vers sa ville d'adoption.
Pour elle, le fait d'avoir pu tester pendant plusieurs semaines la vie à Guben avant de déménager a été la clé. "Ne pas devoir décider immédiatement si on déménage, c'est un concept très moderne, un peu comme un droit de retour sous 30 jours", explique cette ancienne travailleuse sociale.
Et du boulot, il y en a dans l'artisanat, l'industrie, la santé, vante Kerstin Geilich, 61 ans, responsable du projet de repopulation du Guben, notant que des usines se sont réimplantées dans la région.
Née ici, Kerstin Geilich raconte le traumatisme vécu dans les années 1990, lorsque l'économie de l'Est allemand s'est effondrée.
Selon elle, les temps ont changé mais les préjugés restent difficiles à surmonter : "il est difficile de faire comprendre (aux gens), qu'aujourd'hui on peut trouver un bon emploi ici".
- "Contribuer à la société" -
A trente kilomètres plus au nord, Eisenhüttenstadt a lancé cet été un programme similaire pour surmonter "le drame des années 90", selon les mots du maire Frank Balzer.
L'ex-Stalinstadt, entièrement construite en 1950 pour la sidérurgie, a perdu la moitié de sa population depuis la réunification et ses hauts-fourneaux historiques, repris par Arcelor Mittal, tournent avec quatre fois moins de personnel.
"Il faut que je donne une chance à cet endroit", insiste Melanie Henninger, candidate au déménagement pour retrouver son Brandebourg natal.
"J'aimerais contribuer à la société ici, par exemple former les personnes âgées au numérique", raconte cette consultante en informatique qui habite à Brême, ville du nord.
Quant à la popularité de l'extrême droite dans la région, elle "essaie de ne pas avoir de préjugés".
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