Sous la pression de Trump, l'UE adopte un cap résolument pro-business


Sous la pression de Trump, l'UE adopte un cap résolument pro-business.

Choc de simplification, baisse du coût de l'énergie... Bruxelles a dévoilé mercredi sa feuille de route pour la compétitivité qui place les entreprises au coeur du "quinquennat" d'Ursula von der Leyen après l'accent mis ces dernières années sur l'environnement.

La publication de cette "boussole de compétitivité" intervient sous la pression des annonces tonitruantes de Donald Trump en matière de protectionnisme ou d'investissements géants dans l'intelligence artificielle... 

"Il est temps de relancer le moteur de l'innovation" en Europe, a déclaré la présidente de la Commission européenne

Elle a cependant assuré qu'il n'était pas question de renoncer aux engagements environnementaux du Pacte Vert, en particulier la neutralité climatique de l'UE. "Les objectifs sont gravés dans le marbre : nous devons les atteindre d'ici à 2050. Il est absolument vital et nécessaire que nous y parvenions", a martelé la dirigeante allemande.

Champions du numérique, les Etats-Unis mais aussi la Chine ont creusé un fossé béant avec une Europe enlisée dans la stagnation. L'UE entend revenir dans la course en appliquant les recommandations formulées l'an dernier par les anciens chefs de gouvernement italiens Enrico Letta et Mario Draghi dans deux rapports très médiatisés.

De premières propositions concrètes sur l'allègement du fardeau administratif des entreprises et des aides à l'industrie propre sont attendues le 26 février

Des dizaines de législations seront revues pour réduire les obligations des entreprises, en particulier un texte emblématique sur le devoir de vigilance des entreprises envers leurs sous-traitants.

"Sous couvert de simplification, cette initiative démantèlera des protections essentielles pour les citoyens européens, l'environnement et le climat, a dénoncé l'ONG Friends of the Earth.

A l'inverse, Markus Beyrer, directeur général de l'organisation patronale BusinessEurope, a salué "un signal clair que l'UE est engagée à renforcer son économie". 

Depuis la guerre en Ukraine, l'Europe a perdu son approvisionnement en gaz russe bon marché et subit un coût de l'énergie très supérieur à ses concurrents internationaux.

Pour sauver son industrie, l'UE doit réduire sa dépendance aux énergies fossiles. "Nous devons développer davantage notre production d'énergie issue de sources renouvelables, et, dans certains pays, du nucléaire", a déclaré à Davos Ursula von der Leyen, reconnaissant le rôle de l'atome longtemps tabou à Bruxelles.

La "boussole" de la Commission préconise aussi de "faciliter les contrats de long terme d'achat d'électricité" et d'accélérer l'investissement dans le réseau de transport et de stockage d'énergie.

Des aides publiques "ciblées et simplifiées" seront mises en place pour encourager la transition verte de l'industrie. Pour une efficacité maximale, le vice-président de la Commission, en charge de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné voudrait viser prioritairement "les 100 premiers sites émetteurs de CO2" qui représentent plus de la moitié des émissions industrielles en Europe.

Des labels pour développer la demande en produits bas carbone seront créés. Bruxelles entend par exemple développer l'acier "vert" dont la demande est aujourd'hui quasiment nulle en raison de coûts prohibitifs.

L'innovation dans le secteur technologique nécessite de très gros budgets que seules les plus grandes entreprises sont en mesure d'assumer. D' des mariages géants au niveau international.

Or, quand la Commission, gendarme de la concurrence dans l'UE, étudie une fusion, elle prend essentiellement en compte son impact sur les prix ce qui freine la création de champions européensMario Draghi a recommandé d'adapter la réglementation des concentrations pour tenir compte aussi des effets positifs sur l'innovation

Stéphane Séjourné veut accélérer la réouverture de mines de métaux rares en Europe et a déjà reçu 170 projets d'exploitation ou de recherches minières, des projets souvent contestés localement pour leur impact environnemental.

L'objectif est de réduire les dépendances européennes, notamment envers la Chine. "On va faciliter" l'attribution de permis, affirme le commissaire chargé de la stratégie industrielle

La "boussole" prévoit également la création d'une plateforme pour l'achat en commun de matières premières stratégiquesSurtout, elle annonce l'introduction dès l'an prochain d'une "préférence européenne dans les marchés publics" pour certaines technologies critiques.

Le marché unique a plus de trente ans et il a aidé à faire naître des géants européens dans la chimie, l'aéronautique ou l'automobile. Mais il souffre d'angles morts : la finance, mais aussi les télécoms, l'énergie ou la défense restent morcelés par des réglementations nationales différentes.

"Supprimer les barrières restantes et élargir le marché unique contribuera à la compétitivité dans toutes ses dimensions", souligne la Commission.

Unifier les marchés de capitaux européens est une priorité, mais les intérêts nationaux divergents ont empêché tout progrès depuis dix ans. Résultat : l'Europe dispose d'une monnaie unique mais ses start-up restent incapables d'effectuer les levées de fonds géantes de leurs concurrentes aux Etats-Unis

Ursula von der Leyen a promis à Davos une première mesure concrète : la création de "nouveaux produits d'épargne et d'investissement européens".

This article was published Thursday, 30 January, 2025 by AFP
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La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le vice-président Stéphane Séjourné, lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 29 janvier 2025

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le vice-président Stéphane Séjourné, lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 29 janvier 2025


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