L'Ukraine poursuit son incursion en Russie et lance des attaques de drones
L'Ukraine poursuit son incursion en Russie et lance des attaques de drones.
Kiev (Ukraine) (AFP) - L'armée ukrainienne poursuit vendredi son incursion dans la région russe de Koursk et a lancé dans la nuit des attaques "massives" de drones sur plusieurs autres régions de Russie, dont celle de Lipetsk, distante de près de 300 km de la frontière, où un incendie s'est déclaré sur une base militaire.
Le gouverneur régional de Lipetsk, Igor Artamonov, a décrété l'état d'urgence après une "attaque massive" de drones ukrainiens qui a fait au moins six blessés, selon lui, et endommagé une centrale électrique.
Après avoir dans un premier temps invité ses administrés à ignorer les appels à quitter Lipetsk sur les réseaux sociaux en affirmant qu'ils étaient "diffusés par l'ennemi pour semer la panique", M. Artamonov a finalement ordonné l'évacuation de quatre villages des environs.
Les agences Tass et Ria Novosti, citant les autorités régionales, ont pour leur part rapporté qu'un incendie s'était déclaré sur une base aérienne militaire de la région de Lipetsk, sans en préciser la cause.
Selon le ministère de la Défense de Moscou, les forces russes ont abattu dans la nuit un total de 75 drones ukrainiens: 26 dans la région de Belgorod, 19 dans celle de Lipetsk, sept dans celle de Koursk, cinq dans celle de Briansk, quatre dans celle de Voronej, un dans celle d'Oryol, cinq dans la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, et huit au-dessus de la mer Noire.
"En outre, sept bateaux sans pilote se dirigeant vers la péninsule de Crimée ont été détruits" en mer Noire, a ajouté le ministère dans un communiqué.
Ces attaques nocturnes ont été lancées au moment où l'Ukraine mène depuis mardi une offensive surprise dans la région frontalière de Koursk.
Plus de mille soldats ukrainiens avec une dizaine de chars et une vingtaine de blindés ont pénétré mardi dans cette région, selon l'état-major russe, qui a dit tout faire pour les repousser.
Ce contingent semble toutefois avoir gagné du terrain en prenant les forces russes au dépourvu, bien que Kiev ait gardé un silence quasi total sur l'opération.
- "Ressentir" les effets de la guerre -
"La Russie a apporté la guerre à notre pays et devrait en ressentir" les effets, a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son allocution de jeudi soir, sans pour autant mentionner directement cette incursion.
Son conseiller Mykhaïlo Podoliak a lui aussi affirmé que cette offensive surprise était une conséquence de "l'agression" russe en Ukraine, sans pour autant l'attribuer clairement aux forces de Kiev.
"Désormais, une grande partie de la communauté internationale considère la Russie comme une cible légitime pour les opérations de n'importe quel type et avec n'importe quelle arme", a-t-il ajouté, alors que de nombreux pays occidentaux ont interdit à l'Ukraine d'utiliser les armes qu'ils lui fournissent pour frapper le territoire russe.
La veille, à la télévision ukrainienne, M. Podoliak avait jugé que, pour obtenir quelque chose de Moscou à "la table des négociations", il ne fallait pas que le conflit suive "le scénario" établi par les Russes.
Les Etats-Unis, principal soutien de Kiev, ont répété jeudi "soutenir fermement les efforts de l'Ukraine pour se défendre contre l'agression russe", sans commenter les détails de la situation. La veille, Washington avait indiqué avoir interrogé les autorités ukrainiennes pour comprendre les "objectifs" de cette incursion d'une ampleur sans précédent.
"L'opération de destruction des formations de l'armée ukrainienne se poursuit", a déclaré de son côté jeudi le ministère russe de la Défense, assurant les empêcher de "pénétrer profondément" dans la région.
- Tableau alarmiste -
Il a publié des vidéos filmées par des drones et montrant, selon lui, la destruction de soldats et véhicules ukrainiens dans la région de Koursk.
Si la communication officielle russe se veut rassurante -- les autorités régionales évoquant encore jeudi une situation "stable et sous contrôle" --, le tableau dressé par des experts militaires est plus alarmiste pour la Russie.
Selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un centre de recherche basé aux Etats-Unis, les troupes ukrainiennes ont pénétré jusqu'à 35 km à l'intérieur du territoire russe.
Selon plusieurs analystes, les soldats ukrainiens ont atteint Soudja, une ville russe d'environ 5.500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière et qui abrite un hub de gaz fournissant toujours l'Europe via l'Ukraine.
Des habitants évacués de cette ville ont fait état d'une situation difficile sur place, selon des images diffusées par le parti russe LDPR, qui participe à l'accueil des déplacés.
"La situation est mauvaise... il n'y a pas de communication" avec ceux restés sur place, a raconté Alexeï, un ambulancier de Soudja qui attend de recevoir une aide humanitaire.
Un autre homme, lui aussi prénommé Alexeï, un bénévole, a quant à lui expliqué que les évacués "se sentent abandonnés".
Des chaînes Telegram d'observateurs militaires ukrainiens ont diffusé des images de drone, non vérifiées, montrant ce qui est présenté comme étant des soldats russes se rendant.
Mercredi, Vladimir Poutine était apparu visiblement en colère à la télévision russe, dénonçant une "provocation à grande échelle" de l'Ukraine et l'accusant de frapper aveuglément des bâtiments civils.
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Une image diffusée par le gouverneur de la région russe de Koursk, Alexeï Smirnov, montre des dégâts causés par des bombardements ukrainiens à Soudja, le 6 août 2024 © Governor of Kursk Region/AFP -