L'ouette d'Egypte a fait son nid dans l'Est, au détriment d'autres espèces
L'ouette d'Egypte a fait son nid dans l'Est, au détriment d'autres espèces.
Strasbourg (AFP) - Originaire d'Afrique subsaharienne, l'ouette d'Egypte a pris ses aises dans l'Est de la France, où elle n'hésite pas à déloger canards et cigognes, menaçant la biodiversité locale.
"Cela fait au moins une quinzaine d'années qu'elles sont là, mais elles ne partent plus. Et aujourd'hui leur nombre augmente", témoigne Pascal Koensgen, premier adjoint de Lauterbourg.
Dans cette commune du Bas-Rhin jouxtant le fleuve, ces gros oiseaux ressemblant à des oies et reconnaissables à leur tache brune autour de l’œil se sont installés autour d'un plan d'eau local. L'été, elles se promènent au milieu des serviettes de plages, faisant fuir canards et poules d'eau.
"C'est une oie qui défend son territoire", explique M. Koensgen.
"Elles sont invasives. Elles occupent toute la plage et font leurs déjections partout. Pour nos baigneurs et nos campeurs, c'est une très grande nuisance", peste Eric Beck, gérant du camping Les Mouettes, situé au bord de cette plage également prisée des bernaches du Canada, autre espèce exotique envahissante.
Entre le milieu des années 1970 et l'an 2000, l'ouette d'Egypte comptait moins de 50 individus en France, où elle avait été signalée dans 16 départements, indique à l'AFP l'Office français de la biodiversité (OFB).
Mais à partir de 2005, la population a connu une croissance exponentielle, et en janvier 2016, des spécimens avaient été observées dans 83 départements, avec un effectif total d'environ 2.000 individus.
Elle est surtout présente dans le nord-est de la France (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle), en partie en raison de la proximité avec la Belgique, les Pays-Bas et Allemagne où elle est bien implantée. Et affectionne particulièrement les gravières et les bords du Rhin.
"A l'origine, c'est un oiseau d'ornement qu'on mettait sur les plans d'eau, les petites mares, pour embellir", retrace Jean-François Maillard, chargé de mission et de recherche sur les vertébrés exotiques envahissants terrestres à l'OFB.
Mais entre les spécimens vendus aux particuliers, ceux échappés de zoos ou venus à tire-d'aile de pays voisins, les ouettes ont proliféré.
L'alopochen aegyptiaca - son nom scientifique - n'est plus autorisée à la vente depuis son inscription en 2017 sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes de l'Union européenne.
"Mais malheureusement, elle était déjà bien implantée sur le territoire", et c'était "un peu tard" regrette M. Maillard, décrivant l'impact de sa présence sur la biodiversité.
"C'est une espèce qui usurpe les nids d'autres espèces. Elle ne niche pas nécessairement au sol, comme un canard. Elle niche plutôt dans les creux ou à la cime des arbres. Elle peut par exemple occuper des nids de cigognes et évacuer ses locataires."
L'intruse fait aussi preuve d'une "certaine agressivité envers les canards". En conclusion, sa prolifération risque de provoquer "l'exclusion des espèces natives".
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Un couple d'ouettes d'Egypte et leurs canetons nagent sur un étang à Ay-sur-Moselle, en Moselle, le 12 septembre 2024 © AFP/Archives Jean-Christophe VERHAEGEN