Les câbles sous-marins victimes des espions mais surtout des pêcheurs


Les câbles sous-marins victimes des espions mais surtout des pêcheurs.

La guerre des câbles sous-marins fait beaucoup parler d'elle mais la flottille d'espions venus du froid fait en réalité bien moins de dégâts que les incidents avec les filets de pêche et ancres des navires, d'après l'ONU.

Plusieurs câbles sous-marins de télécommunications et d'alimentation électrique ont été endommagés ces derniers mois dans la mer Baltique. Dirigeants européens et experts soupçonnent des actes de "guerre hybride" orchestrés par la Russie et ses "navires espions", et appellent à accroître la sécurité dans ce vaste espace maritime.

"L'intérêt grandissant pour la résilience des câbles révèle l'importance de cette infrastructure dont nous sommes si dépendants", a déclaré le secrétaire général adjoint de l'Union internationale des télécommunications (UIT) de l'ONU, Tomas Lamanauskas, lors d'un récent entretien à l'AFP.

Les solutions sont nombreuses : il faut protéger davantage les câbles, mais aussi les réparer plus rapidement, accroître leur nombre dans certaines zones isolées afin de pouvoir rediriger les données plus facilement lors d'incident, et mettre en place des "règles de cohabitation" avec les pêcheurs et autres industries qui naviguent et dont les ancres peuvent causer de sérieux dégâts, a indiqué M. Lamanauskas.

Véritable colonne vertébrale des communications mondiales, les câbles de télécommunications sous-marins acheminent 99% des échanges internationaux de données.

Environ 1,4 million de kilomètres de câbles en fibre optique traversent les océans, permettant la fourniture de données partout dans le monde pour des services essentiels comme le commerce, les transactions financières, les services publics, la santé numérique et l'éducation.

Etant donné notre dépendance croissante envers ces câbles, "chaque incident est plus visible", selon M. Lamanauskas.

- Filets de pêche et ancres -

La pose et l'exploitation des câbles sous-marins, par lesquels passe la quasi-totalité du trafic internet mondial, a longtemps été l'apanage de grands opérateurs télécoms réunis en consortiums. Mais les géants d'internet en sont devenus les nouveaux bâtisseurs en raison notamment de l'explosion des flux de données.

Les dommages causés aux câbles sous-marins ne sont pas rares.

Selon le Comité international de protection des câbles (CIPC), principale organisation du secteur, on enregistre en moyenne 150 à 200 pannes par an à travers le monde.

Mais 80% des dommages sont "attribués à la pêche et au mouillage", souligne M. Lamanauskas, citant les filets de pêche qui raclent les fonds et les navires laissant accidentellement traîner leurs ancres. Il y a aussi les dangers naturels, l'abrasion et les défaillances d'équipement.

L'ONU veut accroître leur résilience en proposant des solutions à la communauté internationale pour accroître la coopération dans ce secteur hautement sensible.

L'UIT et le CIPC ont constitué un groupe de 40 spécialistes, dont des ministres, directeurs d'autorités de régulation et dirigeants du secteur, chargés d'élaborer des solutions, qui se réuniront pour la première fois les 26 et 27 février au Nigeria.

- Nigeria -

Il n'y a qu'environ 500 câbles sous-marins dans le monde. "Même si seuls quelques-uns d'entre eux sont coupés ou endommagés, l'impact peut vraiment être visible", a expliqué M. Lamanauskas, de nationalité lituanienne.

Comme lorsque trois câbles sous-marins transportant 25% du trafic entre l'Asie et l'Europe ont été coupés l'an dernier en mer Rouge, ou lorsque les Iles Tonga avaient été privées d'internet en 2022 après une immense éruption volcanique qui avait rompu le câble sous-marin reliant l'archipel au reste du monde, a-t-il détaillé.  

L'an dernier aussi "une importante rupture de câbles le long de l'Afrique de l'Ouest a eu un impact considérable sur les économies de la région", a-t-il relevé.

C'est d'ailleurs après cet incident que le ministre des Communications du Nigeria, Bosun Tijani, a approché l'UIT pour savoir "ce que nous pouvons faire ensemble", a expliqué le secrétaire général adjoint de cette agence de l'ONU basée à Genève.

Le groupe consultatif - co-présidé par le Nigeria et le Portugal - aura pour tâche d'étudier les solutions possibles pour améliorer la résilience des câbles, en faisant la promotion de bonnes pratiques à l'intention des acteurs des secteurs public et privé, afin de favoriser le déploiement et la réparation rapides des câbles sous-marins, réduire les risques d'endommagement et améliorer la continuité des communications par câble.

This article was published Thursday, 20 February, 2025 by AFP
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