Le Kenya à la recherche d'antivenins contre le fléau des morsures de serpents


Le Kenya à la recherche d'antivenins contre le fléau des morsures de serpents.

Malindi (AFP) - Se tordant de douleur sur un lit d'hôpital dans une ville côtière kényane, Shukurani Konde Tuva, 14 ans se prépare à l'amputation de son pied gauche, qui n'a pas pu être sauvé par un antivenin après une morsure de serpent.

Une vipère heurtante – le serpent le plus commun et l'un des plus venimeux d'Afrique subsaharienne – l'a attaqué il y a plus d'un mois alors qu'il mangeait en plein air dans son village près de la ville de Malindi. 

Sa famille l'a transporté d'urgence à l'hôpital à deux heures de moto, mais l'antivenin administré n'a pas permis de prévenir ni d'inverser l'envenimement.

Selon les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 5,4 millions de personnes sont mordues par des serpents chaque année dans le monde, et près de la moitié sont empoisonnées par leur venin. 

Jusqu'à 138.000 personnes meurent et 400.000 souffrent de séquelles physiques permanentes. 

Des chiffres alarmants qui ne sont pourtant qu'une "grave sous-estimation" de la réalité selon l'organisation onusienne, qui estime que 70% des cas ne sont pas signalés. 

Certaines croyances et superstitions faussent les données, de nombreuses victimes de morsures de serpent préférant se tourner vers des remèdes traditionnels ou attribuant les morsures au vaudou "envoyé par leurs ennemis" au lieu de consulter un médecin.

Ce type de remède est populaire car les traitements efficaces sont très coûteux. 

Les antivenins coûtent jusqu'à 8.000 shillings (environ 54 euros) par flacon, et certains patients ont besoin de jusqu'à vingt doses.

Le stock d'antivenins du Kenya est estimé à entre 10.000 et 30.000 flacons, et il en faudrait 70.000 supplémentaires pour une gestion efficace du problème, selon l'institut kényan KIPRE, qui fait des recherches biomédicales et précliniques.

L'antivenin est fabriqué en extrayant le venin des crocs des serpents, qui est ensuite dilué et injecté à petites doses à des animaux tels que les chevaux, qui produisent des anticorps qui peuvent ensuite être extraits pour être utilisés chez l'homme.

Le sérum n'est en outre pas toujours efficace, car il provient souvent d'autres pays comme l'Inde, où les serpents sont légèrement différents. 

Or, des antivenins inadaptés peuvent provoquer de "très mauvaises réactions", déclare le spécialiste Kyle Buster Ray.

À Nairobi, le KIPRE travaille sur un antivenin spécifique au pays, applicable à plusieurs espèces de serpents, qu'il espère sera disponible dans environ deux ans.

Valentine Musabyimana, chercheuse à l'institut, a déclaré que l'objectif était de "développer un antivenin très efficace, le patient n'aurait besoin que d'un seul flacon". 

Bien que le processus soit long et coûteux, Mme Musabyimana est optimiste : "Puisqu'il s'agit d'un projet gouvernemental, le coût sera subventionné à la portée d'un simple citoyen".

This article was published Friday, 2 May, 2025 by AFP
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Des herpétologistes et un docteur vétérinaire tiennent un mamba noir pendant l'extraction de son venin qui sera utilisé dans la recherche pour la production locale d'antivenin au sein de l'Institut KIPRE à Nairobi, le 7 mars 2025 au Kenya - Tony KARUMBA

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