Entre Trump et les milliardaires, une idylle retrouvée
Entre Trump et les milliardaires, une idylle retrouvée.
Washington (AFP) - Après les petits portefeuilles, les gros poissons ? Dans un système électoral américain où le sacro-saint dollar est faiseur de rois, Donald Trump a reçu récemment le soutien bienvenu de plusieurs milliardaires.
La capacité du candidat républicain à mobiliser l'argent des foyers modestes ne s'est jamais démentie, comme le prouvent les plus de 53 millions de dollars collectés en 24 heures après son verdict de culpabilité la semaine dernière, venant principalement de petits donateurs, selon son équipe de campagne.
Mais auprès des plus gros donateurs, l'aura de Donald Trump s'était affaiblie à la suite du chaos entourant l'élection de 2020.
Le 7 janvier 2021, au lendemain de l'assaut du Capitole par des partisans du président républicain, le milliardaire Nelson Peltz exprimait son regret de l'avoir soutenu.
"C'est une honte. En tant qu'Américain, je suis gêné", disait alors le patron du fonds d'investissement Trian Partners.
Début mars, Nelson Peltz a pourtant accueilli Donald Trump chez lui en Floride pour un petit-déjeuner aux côtés d'autres milliardaires, dont Elon Musk, selon le Washington Post.
Et dans une interview au Financial Times, il a déclaré qu'il voterait "probablement" pour Donald Trump, mais avec réticence. Ses raisons : une explosion du nombre de migrants traversant clandestinement la frontière avec le Mexique et l'état de santé mentale de Joe Biden "qui fait vraiment peur", selon lui.
Steve Schwarzman est aussi de ces milliardaires qui ont dénoncé l'assaut du 6-Janvier, fustigeant alors "la tentative par une meute de saper notre Constitution".
Le 24 mai, le PDG de Blackstone --l'un des plus importants fonds d'investissement au monde-- a cependant annoncé qu'il soutiendrait une nouvelle fois Donald Trump pour la présidentielle.
Ce grand ponte de Wall Street -- à la fortune personnelle estimée à plus de 37 milliards de dollars par Forbes -- cite lui aussi l'immigration comme l'une de ses motivations.
- Impôts -
Autre grande fortune revenue dans le giron de Donald Trump: Miriam Adelson.
Grand soutien d'Israël, la veuve du magnat des casinos Sheldon Adelson compte dépenser encore plus que leurs 90 millions de dollars déboursés en 2020 pour la cause républicaine, selon Politico.
Alors que les indices boursiers américains n'ont jamais été aussi hauts et que l'économie américaine affiche une croissance insolente malgré une inflation persistante, pourquoi ces magnats décident-ils de soutenir un candidat reconnu coupable au pénal et perçu par beaucoup comme source d'instabilité au sein de la première puissance mondiale ?
Pour l'économiste Paul Krugman, le calcul de ces élites est bien plus rattaché à des intérêts personnels qu'à des préoccupations sur l'état de l'Amérique.
"Une réponse assez directe serait de dire que les riches paieront quasi certainement des impôts plus faibles, et les entreprises seront moins régulées" en cas de victoire de Donald Trump, écrivait en avril le prix Nobel 2008 d'économie dans le New York Times.
Car Joe Biden ne s'en cache pas, s'il était réélu en novembre et obtenait une majorité au Congrès, il mettrait en place un impôt sur les grandes fortunes.
- "Forer à tout va" -
Depuis son arrivée à la Maison Blanche en 2021, le démocrate a régulièrement mis l'accent sur le besoin de davantage réguler la finance; de quoi expliquer en partie l'aversion de certains grands patrons du secteur.
La volonté affichée de l'administration Biden de lutter contre le réchauffement climatique lui a aussi attiré l'inimitié de figures de l'industrie pétrolière.
"Le mantra de Trump qui dit on va forer à tout va est bien plus alignée avec le secteur pétrolier que l'approche de Biden avec l'énergie verte. Il n'y a pas photo", a récemment déclaré Dan Eberhart, patron d'une importante société de forage, au Washington Post.
L'équipe de campagne de Joe Biden attaque régulièrement son rival républicain sur ses liens avec les plus riches.
Elle l'a accusé la semaine dernière dans un communiqué de "vendre l'Amérique à ses plus grands donateurs".
Pour autant, Joe Biden n'est pas en reste quand il s'agit de récolter l'argent de grandes fortunes, comme celui de l'entrepreneur de la tech Vinod Khosla qui a récemment organisé une réception en son honneur.
Une illustration de la dichotomie du soutien des ultra-riches, avec une Silicon Valley plutôt pro-Biden quand Wall Street ou "Big Oil" s'affichent plutôt pro-Trump.
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement
Donald Trump en visite sur le site d'une usine pétrochimique Shell à Monaca, en Pennsylvanie, le 13 août 2019 © AFP Nicholas Kamm