Dans un camping des Landes, autogestion et vacances à petit prix
Dans un camping des Landes, autogestion et vacances à petit prix.
Sanguinet (France) (AFP) - À quelques mètres d'un immense lac dans les Landes, des vacanciers, tout sourire, frottent, savonnent et raclent le sol des sanitaires de leur camping. En contrepartie de quelques tâches durant leur séjour, de nombreuses familles s'offrent des vacances à petit prix.
"On balaie, on passe du produit désinfectant, la serpillère, on change les poubelles", énumère, enjouée, Camille Avril, venue de Mayenne avec ses enfants et un couple d'amis.
"Tout le monde est logé à la même enseigne. Et c'est cet esprit d'entraide qui me plaît beaucoup", indique à l'AFP cette responsable d'une entreprise de nettoyage de 42 ans, habituée des lieux.
À côté d'elle, Floriane Navarro, 32 ans, est également séduite : "C'est important de montrer aux enfants qu'on n'a pas tout en un claquement de doigts, qu'il faut parfois mettre la main à la pâte en collectivité."
Bordées par la forêt de pins, des tentes, des caravanes et une poignée de cabanes rudimentaires se répartissent sur la centaine d'emplacements de ce camping associatif GCU (Groupement des Campeurs Universitaires) à Sanguinet.
Ils sont une centaine en France, tous basés sur le même modèle de camping participatif et en autogestion, qui a vu le jour en 1937, dans la foulée des congés payés. Réservés uniquement aux enseignants pendant des années, ils sont aujourd'hui ouverts au grand public.
- "Mêmes valeurs" -
Des semaines à 200 ou 300 euros, selon le type de logement : des tarifs imbattables, comparés à ceux des campings "traditionnels" où les vacanciers paient trois, quatre ou cinq fois plus cher leur séjour, qui comprend souvent des animations pour enfants et adultes, des bassins d'eau et pléthore de services.
"Ici c'est simple mais on ne l'échangerait pour rien au monde !", s'enthousiasme Danielle Daverdisse, ancienne psychologue scolaire, originaire de Nancy.
Passionnée par ce modèle de vacances participatives, cette retraitée est tous les étés au rendez-vous avec son mari et leur caravane, depuis une vingtaine d'années.
"C'est un lieu où se retrouvent des gens de tous les horizons et milieux sociaux avec les mêmes valeurs. On ne demande pas aux voisins de camping ce qu'ils font dans la vie, on partage juste des moments", raconte Mme Daverdisse, qui est devenue la "grand-mère" de beaucoup d'enfants dans le camping.
Elle a même conçu, il y a 15 ans, une bibliothèque dans la salle polyvalente, "en récupérant des livres ici et là. Et rapidement, tout le monde s'est mis à jouer le jeu et on a aujourd'hui 3.125 livres !", indique fièrement l'élégante retraitée.
- "Pas une corvée" -
Le soir venu, elle s'installe avec son mari sur une chaise blanche en plastique autour du terrain de volley, pour assister avec tous les campeurs à la réunion hebdomadaire où sont attribués les rôles à responsabilité pour une durée d'une semaine.
"On a besoin d'un délégué de camp, d'un trésorier, d'un adjoint, d'un responsable jeune, d'un responsable bibliothèque...", égrène Yohann, qui s'apprête à rendre son tablier de délégué de camp, après avoir rappelé les règles aux nouveaux arrivants.
Très vite, les doigts se lèvent et les nouveaux responsables sont applaudis. Les autres campeurs, eux, participeront à l'accueil ou au ménage des parties communes au moins une fois durant leur service, à tour de rôle.
"Je ne vois pas ça comme une corvée, c'est juste une tâche, qu'on effectue tous solidairement et ça nous rapproche", souligne Jean-Pierre Nouguey, 83 ans, ancien professeur de littérature qui pratique les campings GCU depuis 1972.
Loin des adultes, les enfants se pourchassent à vélo joyeusement, dans les allées arborées.
"Mes enfants ont grandi dans ces campings, ils se sont fait des copains qu'ils retrouvent tous les ans. Comme moi quand mes parents, tous deux enseignants, m'y emmenaient passer les deux mois d'été", se souvient Emeline Ecrepont, une infirmière scolaire de 46 ans.
"Une fois, mon fils s'est blessé, et quand je l'ai récupéré, il avait déjà été soigné par d'autres campeurs. Ici c'est comme une grande famille", dit-elle.
Dans le ciel, le soleil a disparu, laissant place à des nuages roses pastel. Autour du terrain de volley, les campeurs trinquent, partageant biscuits apéro, salades et pizzas, avant la soirée dansante prévue ce soir-là.
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Des touristes après une réunion dans un camping collaboratif de l'association GCU à Sanguinet, dans les Landes, le 5 août 2024 © AFP GAIZKA IROZ