Contre la prédation du loup, des bénévoles montent la garde en estive
Si vous ne connaissez pas un mot, surlignez-le avec votre souris et cliquez sur “Translate” pour le traduire dans la langue de votre choix.
Contre la prédation du loup, des bénévoles montent la garde en estive.
Villebois-Les-Pins (AFP) - Bâton en main comme des bergers, Sophie et Geoffroy inspectent les filets d'un parc de moutons sur une pente raide du massif des Baronnies, une mission quotidienne et volontaire pour "marquer leur présence" et "empêcher le loup de rentrer".
Les deux Bretons surveillent le troupeau de Nathalie Welker, éleveuse d'une centaine de brebis et de chèvres dans la Drôme provençale, où la présence du prédateur est marquée et les attaques sur les ovins récurrentes, une "pression" supplémentaire sur son métier.
"Le loup est là, il faut faire avec, donc trouver des parades", estime l'éleveuse de 57 ans, longue tresse poivre et sel et tee-shirt "Paysan et fier de l'être", observant son vallon sec et sauvage baigné de lumière.
Or "la meilleure prévention" contre les attaques, "c'est la présence humaine", assure celle qui "vit avec le loup depuis presque 20 ans".
Avec deux troupeaux à surveiller, dont un en altitude, et sans moyen de payer un berger, l'éleveuse s'est tournée il y a trois ans vers Pastoraloup, un dispositif chapeauté par l'association de protection des grands prédateurs Ferus, qui envoie des volontaires formés, pour épauler les éleveurs.
Et ainsi permettre à Nathalie "de dormir la nuit et d'être beaucoup moins stressée", mais aussi de faire des rencontres et partager son métier.
Le dispositif gagne du terrain : 35 éleveurs participent cette année, dans les Alpes, le Jura et la Bretagne, contre une vingtaine en 2023.
Sophie Morice-Couteau, 45 ans, et Geoffroy Galliot, 48 ans, comptent parmi les 63 nouveaux bénévoles formés l'été dernier pour des missions d'une semaine par élevage.
"Je suis solidaire du loup, mais je suis solidaire de l'éleveur" pour qui le prédateur est parfois "la difficulté de trop", confie Sophie, venue pour "mettre les mains dans le tas" et "sortir de cette image de l'écolo qui fait la leçon aux autres".
"C'est la nuit", seul avec le troupeau, "qu'on comprend son rôle", glisse-t-elle. Mais "le loup n'a pas d'heure : à partir du moment où il a une opportunité, il y va".
Passionnée d'animaux, cette médiatrice de cinéma "croit" à la cohabitation entre l'homme et le prédateur, mais admet ne voir qu'un "extrait" de la vie "compliquée" d'un éleveur. Le canidé, elle aimerait le voir "loin du troupeau", redoutant ce face-à-face que plusieurs volontaires ont déjà vécu, ou pire, une attaque.
La bénévole dit comprendre désormais "la violence que certains éleveurs peuvent parfois avoir vis-à-vis du loup".
L'Union européenne a récemment déclassé le loup d'"espèce strictement protégée" à "protégée", facilitant ainsi les tirs sur le prédateur malgré les protestations des défenseurs de la biodiversité. Pour 2025, l’État a autorisé l'abattage de 192 des 1.013 loups décomptés sur le territoire français.
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement

Des bénévoles de Pastoraloup analysent des excréments de loups trouvés près d'un troupeau de moutons dans les collines au-dessus de Villebois-les-Pins, dans le département de la Drôme,le 31 juillet 2025 - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK (AFP)