Castets, Beaudet : Matignon pour se faire un nom ?
Castets, Beaudet : Matignon pour se faire un nom ?
Paris (AFP) - Personnalités politiques, membres de la société civile, inconnus du grand public : 59 jours après les législatives, une litanie de candidats au poste de Premier ministre a été avancée, sans qu'il soit toujours évident de distinguer les pistes sérieuses des comètes politiques.
Dernier exemple en date, Thierry Beaudet, le président du Conseil économique social et environnemental (CESE). Cet anonyme, y compris pour de nombreux journalistes politiques, est sorti du chapeau lundi à la faveur des tergiversations d'Emmanuel Macron à désigner un nouveau Premier ministre susceptible d'éviter la censure.
Mais moins de 24 heures plus tard, la piste semblait s'être totalement refroidie, symptôme d'une crise politique ouverte par la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin.
M. Beaudet, issu de la société civile, enseignant de formation et sans expérience politique, a été reçu à deux reprises par Emmanuel Macron à l'Elysée dans le cadre de ses consultations, selon une source proche des milieux économiques, avant d'être rapidement présenté comme le futur locataire de Matignon.
Face à cette notoriété soudaine, l'ancien patron de la Mutualité française est resté mutique, refusant de confirmer ou démentir son ambition de devenir Premier ministre. Ni sa volonté d'opérer une mue politique, après une carrière dans l'ombre.
D'autres personnalités issues de la classe politique ont également été pressenties, comme Karim Bouamrane, qui su mettre la séquence à profit pour voir sa cote grimper.
Si le maire de Saint-Ouen s'affirme comme une figure montante du PS et a suscité l'intérêt de la macronie -- peut-être en raison d'un portrait diffusé dans le New York Times en avril --, il demeure inconnu d'une majorité de Français et semble désormais loin de Matignon.
"Dans les régimes parlementaires, dans une situation où il n'y a pas de majorité claire ni de coalition qui émerge, on va faire des gouvernements techniques où on va aller chercher des gens qui n'ont pas une identité politique trop forte", des profils destinés à "rassurer par leur compétence", analyse pour l'AFP Olivier Costa, chercheur au CNRS.
A l'instar de M. Beaudet donc, mais également de Lucie Castets.
- "Vieux sages" ou "techniciens" -
Sa désignation comme candidate à Matignon par les partis du Nouveau Front populaire (NFP) a bouleversé le statut de cette haute fonctionnaire, passée du jour au lendemain d'illustre inconnue aux avant-postes de la vie politique.
La situation politique actuelle est propice à l'émergence de deux types de profils pour Matignon: "les vieux sages", pouvant incarner une forme de stabilité, et les "techniciens", dont on va vanter la compétence, détaille M. Costa.
"C'est assez révélateur que le NFP ait été chercher Lucie Castets, tout simplement parce qu'ils n'arrivaient pas à s'entendre entre eux", abonde-t-il, décrivant le long processus qui a précédé sa désignation.
Fruit d'un compromis obtenu après 16 jours de tensions et d'atermoiements à gauche, l'énarque de 37 ans a dû se faire connaître, à peine désignée, en donnant à ses premiers pas en politique un parfum de campagne.
Si des observateurs critiquaient son manque d'assurance après l'une de ses premières intervention sur France Inter, elle est restée omniprésente dans les médias, martelant les idées chères aux NFP, ou dévoilant des détails de sa vie privée, en particulier son homosexualité dans un entretien à Paris Match.
L'ancienne directrice des finances à la ville de Paris s'est aussi illustrée par des déplacements sur le terrain, à Lille, ou Orléans, fin juillet, pour saluer la reprise de l'usine Duralex par ses salariés, tout en appuyant ses ambitions gouvernementales.
En même temps que la lumière, Lucie Castets a découvert les polémiques inhérentes aux prétendants à de telles fonctions.
Le Canard enchaîné a notamment révélé qu'elle avait posé des congés payés plutôt que de se mettre en disponibilité, son statut de fonctionnaire l'obligeant à un devoir de réserve.
Jeudi, elle a annoncé qu'elle allait quitter ses fonctions à la ville de Paris, une décision imposée par la fin imminente de ses congés estivaux. Et pourquoi pas la première pierre d'une carrière politique ?
Accédez à l'intégralité de l'article, choisissez un abonnement
La candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, Lucie Castets, aux Journées d'été du Parti communiste à Montpellier, le 23 août 2024 © AFP Pascal GUYOT