Au Turkménistan, la lutte sans relâche pour "éradiquer" le tabagisme
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Au Turkménistan, la lutte sans relâche pour "éradiquer" le tabagisme.
Achkhabad (AFP) - Adolescent, Bekmourad Khodjaïev se cachait de ses parents pour fumer. Cinquante ans plus tard, ce retraité se cache toujours, mais désormais de la police du Turkménistan, où les autorités promettent de "libérer" ce pays reclus d'Asie centrale du tabac d'ici la fin de l'année.
"Je fume dans mon appartement. Mais si l'envie me prend de fumer en ville, je cherche un endroit sans caméras de surveillance pour éviter une amende : une ruelle, une impasse, derrière des buissons hauts, des arbres, dans un endroit désert", raconte à l'AFP ce maçon de 64 ans.
"J'ai déjà été verbalisé en bas de chez moi. Depuis, j'essaie de ne plus me faire avoir" dit M. Khodjaïev.
La police fait la chasse aux fumeurs pour "éradiquer le tabagisme" d'ici fin 2025 et transformer cette ex-république soviétique de quelque sept millions d'habitants en premier "pays libéré du tabac".
Un objectif fixé en 2022 par le dirigeant incontesté, Gourbangouly Berdymoukhamedov. Cet ex-dentiste exaltant un mode de vie sain a fait du Turkménistan l'un des champions du monde de lutte contre le tabagisme, avec seulement 4% de consommateurs, selon l'Organisation mondiale de la Santé, qui évalue à plus de sept millions, le nombre de morts dus au tabac chaque année.
Pour satisfaire son addiction, le maçon Khodjaïev "achète des cigarettes dans des kiosques privés, car il n'y en a pas dans les magasins étatiques", propriétés du ministère du Commerce.
Dans son kiosque de la capitale Achkhabad, le vendeur Meïlis propose des cigarettes importées "d'Ouzbékistan, du Kazakhstan et d’Iran".
"La plupart du temps, je les vends à l'unité. Tout le monde ne peut pas se permettre d'acheter un paquet entier, c'est trop cher", lâche ce jeune homme de 21 ans, craignant de dire la phrase de trop à un journaliste.
Selon plusieurs fumeurs invétérés interrogés par l'AFP, le paquet varie de 50 à 170 manats, les cigarettes entre deux et cinq.
Un paquet peut représenter jusqu'à 11% du salaire moyen, qui tournait autour de 1.500 manats en 2018, d'après les dernières données turkmènes disponibles.
Une somme conséquente, même si les comparaisons avec d'autres pays sont compliquées par le double taux de change au Turkménistan : l'officiel, utilisé par l'Etat pour contrôler artificiellement la monnaie, et celui, réel, du marché noir, six fois plus faible.
Dans un hôpital d'Achkhabad, la médecin Soltan se félicite de la "lutte active contre le tabac".
"Nous traitons la dépendance au tabac. Le ministère de la Santé a créé des centres où les fumeurs peuvent obtenir gratuitement des conseils pour arrêter", explique-t-elle à l'AFP.
Mais les autorités misent surtout sur la coercition pour atteindre leurs objectifs : hausse des taxes douanières, de l'âge légal pour fumer ; interdiction de consommer partout ou presque, limitation à deux du nombre de paquets autorisés à importer et évidemment, une hausse et multiplication des contraventions, pouvant atteindre 200 manats.
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Un homme fume chez lui à Achkhabad, au Turkménistan, le 27 juillet 2025 - STRINGER (AFP)