Au Pakistan, traitement de choc inédit pour deux éléphantes tuberculeuses
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Au Pakistan, traitement de choc inédit pour deux éléphantes tuberculeuses.
Karachi (AFP) - Quatre cents comprimés tous les deux jours, des dizaines de boulettes de riz pour les cacher et 18 employés mobilisés : le parc animalier de Karachi, la grande ville côtière du Pakistan, redouble d'ingéniosité pour soigner ses deux derniers éléphants atteints de la tuberculose.
L'affaire est inédite dans ce pays d'Asie du Sud, englué dans le marasme politique et économique, et pointé du doigt pour le mauvais traitement des animaux en captivité.
Il a donc fallu appeler du renfort : le vétérinaire Buddhika Bandara est venu spécialement du Sri Lanka pour s'occuper des pachydermes.
Lui qui a déjà guéri 15 éléphants de la tuberculose détaille la marche à suivre à des soignants désormais aux petits soins pour les dernières éléphantes du Pakistan.
Pour traiter ses deux éléphantes, la Karachi Metropolitan Corporation a mobilisé 18 personnes : des vétérinaires, des cornacs, des employés du parc et le docteur Naseem Salahuddin, chef du service des maladies infectieuses de l'Indus Hospital and Health Network.
Courante chez les humains comme chez les animaux, la tuberculose "peut être soignée avec les mêmes médicaments", explique le docteur Bandara.
La posologie a été adaptée au poids des deux femelles : pour leurs 4.000 kilos, Madhubala doit ingérer 415 comprimés par jour et Malika 409. Et cela, un jour sur deux pendant plus d'un an.
Le problème ? Ces pilules, prescrites depuis début mai, sont amères et leur faire avaler "n'est pas une mince affaire", s'amuse Buddhika Bandara.
Alors, pour masquer le goût des médicaments, Ali Baloch, un cornac de 22 ans, a dû se transformer en cuisinier.
Un matin sur deux, dès huit heures, il fait cuire riz et lentilles dans une énorme marmite d'acier.
Il forme ensuite avec un autre soignant des dizaines de boulettes, incorporant subrepticement dans chacune d'elles une poignée de comprimés rouges.
Les boulettes sont ensuite distribuées aux deux éléphantes par des employés gantés, masqués et vêtus de blouses chirurgicales, redoublant de prudence pour éviter la contagion dans un pays qui compte plus de 500.000 cas de tuberculose chez l'humain par an.
Le vétérinaire et le cornac soulignent que les éléphants sont très curieux et intelligents en matière de goût et qu'il faut donc ruser.
Les deux premiers jours, les éléphantes ont refusé d'ingérer la nourriture -- et les médicaments qui y étaient cachés -- "mais petit à petit, elles se sont habituées et ne montrent quasiment plus aucune résistance désormais", assure le docteur Bandara.
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Le Dr Buddhika Bandara (g), un chirurgien vétérinaire du Sri Lanka, examine l'éléphante Madhubala, atteinte de tuberculose, dans un enclos du Safari Park de Karachi, le 16 mai 2025 au Pakistan - Rizwan TABASSUM (AFP)